Vous les aviez déjà vues en 2015 au sein d’un quatuor à cordes vocales dans un précédent spectacle de la Cie On Off, l’une en diva voluptueuse et l’autre en demoiselle un peu coincée. Aujourd’hui elles se présentent comme deux sœurs, Odile et Odette, ambassadrices de charme au service de la chanson
patoisante. Mais leur duo, semi comique, ne s’apparente cependant à aucun autre, même si elles jouent du contraste de leur apparence physique, telle une version féminine de Laurel et Hardy, et surtout de leurs voix. Ce ne sont pas non plus des sœurs « ennemies » ou de nouvelles « frangines » car ce qui les rend uniques, c’est la langue qu’elles défendent en chantant le patois du Nord Pas-de-Calais. Invitées par les Scènes du Haut Escaut à venir se produire à Raillencourt Ste Olle sur la scène du Tordoir, dans le cadre d’une tournée qui a débuté il y a presque quinze ans et qui les a conduites partout dans l’hexagone, malgré la concurrence plus populaire de certain film, elles continuent de chanter « a cappella » nombre de ces titres qui ont fait le succès de nos kermesses.

Ch’ti Lyrics est en effet un spectacle qui tient du récital lyrique, avec des voix aussi contrastées qu’harmonieuses, sous la forme de sketches où la gestuelle et les apartés apportent un supplément d’autodérision, comme l’hystérie enfantine que l’une manifeste quand l’autre paraît tour à tour sévère ou penaude. Qu’elles interprètent pompeusement le « Stabat mater » ou qu’elles se voient « tout in haut de ch’terril », qu’elles « artourne[nt] al fabrique » ou partent cultiver « les tomates », qu’elles alternent des chansons plus graveleuses comme « les grosses biroutes », ou plus tendres et romantiques comme « les corons », c’est notre patrimoine linguistique qu’elles explorent avec la même verve au gré de leurs performances vocales et de chorégraphies décalées. Dans leurs tenues satinées, avec leurs collants et leurs petites ballerines blanches, Odile et Odette évoluent sur scène avec cette gaucherie trompeuse qui n’appartient qu’à des comédiennes chevronnées. Le public ne s’y est pas trompé en les applaudissant chaleureusement à chaque étape de cette ballade patoisante et lyrique, jusqu’au bouquet final qui est « tout dit parèle » que le célèbre « My way ».